» Source : 37°2 magazine «
La racine d’Ortie (Urtica dioica) est très utilisée dans les pays occidentaux dans l’hypertrophie de la prostate. Souvent associée à d’autres plantes comme le Palmier scie elle améliore les désagréments causés par l’hypertrophie bénigne de la prostate et la prostatite. La commission E allemande et l’ESCOP (European Scientific Cooperative on Phytotherapy) valide son utilisation dans les troubles urinaires associés à l’hypertrophie bénigne de la prostate.
Quelle est la cause de l’hypertrophie bénigne de la prostate (HBP)
A l’origine on a pensé que l’augmentation de volume de cette glande était uniquement due au développement d’une forme active d’une hormone mâle la testostérone, la dihydrotestostérone (DHT) qui stimulait la croissance cellulaire.
Cependant, avec l’âge, la production de testostérone diminue. De plus, les niveaux de testostérone libre, physio- logiquement active, diminuent encore plus brutalement à cause d’une augmentation des liaisons à la protéine “sex hormone binding globulin” (SHBG). À partir de 40 ans et jusqu’à 70 ans, la testostérone libre diminue environ de 1 % par an.
La testostérone ne pouvait donc pas à elle seule expliquer l’HBP.
D’autres hormones interviennent : les oestrogènes. En effet même si ces derniers sont une spécificité de l’organisme féminin, l’organisme masculin en sécrète également.
On a constaté qu’il existait une augmentation de la concentration en oestrogènes dans les tissus des prostates faisant l’objet d’une hypertrophie bénigne. En fait, avec l’âge le taux d’oestrogènes augmente et ces derniers agissent en stimulant la croissance des cellules de prostate.
Le rôle de la SHBG est de maintenir un équilibre hormonal dynamique. La SHBG se lie aux hormones et les transporte vers différents sites de récepteurs sur les membranes cellulaires à travers tout l’organisme où elles peuvent être utilisées de différentes manières. L’effet dépend de l’hormone à laquelle elle s’est liée et à quel site récepteur elle la transporte.
Ainsi, par exemple, chez l’homme, les œstrogènes et la dihydrotestostérone liés à la SHBG sont généralement transportés vers des sites récepteurs sur la prostate ; en quantité excessive, ils peuvent alors inciter les cellules prostatiques à se diviser et à se multiplier rapidement avec, pour résultat, une hypertrophie bénigne de la prostate. Chez l’homme et chez la femme ménopausée, la plupart des œstrogènes sont produits à partir des androgènes. La prostate, en plus de recevoir des œstrogènes circulants dans le sang, est capable d’en produire elle-même.
Comment agit la racine d’Ortie ?
Certains principes actifs de la racine d’Ortie sont capables de bloquer la croissance de cellules prostatiques. Les mécanismes exacts ne sont pas vraiment décrits mais il existe des pistes sur la mise en jeu de “lectines”.
Des études ont permis de montrer que la racine d’Ortie peut interférer ou bloquer un certain nombre des processus chimiques liés aux hormones précités et impliqués dans le développement de l’hypertrophie bénigne de la prostate. D’autres études cliniques ont montré que l’extrait de racine d’Ortie limitait la conversion de la testostérone en dihydrotestostérone (en inhibant l’enzyme nécessaire à sa conversion) mais aussi freinait sa liaison à la SHBG,
l’empêchant ainsi de s’attacher à d’autres hormones.
Des chercheurs allemands ont isolé un pricipe actif de la racine d’Ortie, le divanillytetrahydrofuran, qui a une forte affinité de liaison à la SHBG2. L’extrait de racine d’Ortie peut diminuer la production d’œstrogènes (œstradiol et estrone) en inhibant l’activité de l’aromatase. Au moins cinq constituants de la racine ont des activités faibles à modérées inhibitrices de l’aromatase, permettant ainsi de diminuer la conversion des androgènes en œstrogènes.
Plusieurs études, témoins de son efficacité
D’importantes études sur un total de 15 000 hommes présentant une HBP ont montré que l’extrait de racine d’Ortie entraînait des améliorations significatives de la taille de la prostate, de la pollakiurie (mictions fréquentes), des mictions nocturnes et du résidu post-mictionnel.
L’utilisation traditionnelle en Allemagne de l’extrait de racine d’Ortie dans le traitement des hypertrophies bénignes a encouragé la réalisation de nombreux essais cliniques. L’un d’entre eux a démontré que le flux maximal urinaire avait augmenté de 66,1 % (passant de 10,9 à 18,1 ml/seconde) dans le groupe traité par l’extrait de racine d’Ortie contre 36,6 % (passant de 12,3 à 16,8 ml/seconde) dans le groupe sous placebo.
Une étude multicentrique, randomisée, en double aveugle et contrôlée contre placebo, a porté sur 146 patients présentant une hypertrophie bénigne de la prostate suivis pendant un an. Les résultats ont montré que l’extrait pouvait être considéré comme une option sûre de prise en charge de l’HBP, particulièrement pour réduire les symptômes irritants et pour ses effets antiprolifératifs.
Les études chez l’animal confirment également son action mais aussi sa capacité à prévenir l’HBP.
Enfin dans une étude en double aveugle contrôlée contre placebo réalisée en Iran, 558 hommes ont reçu pendant six mois un placebo ou un extrait de racine d’Ortie. Les résultats ont montré que l’extrait d’Ortie était plus efficace que le placebo sur tous les signes fonctionnels de l’hypertrophie bénigne de la prostate.
Racine d’Ortie – Palmier scie : une association synergique
Les spécialités allemandes associent fréquemment l’extrait de racine d’Ortie au Palmier scie (Serenoa repens). Cette association est tout à fait synergique car les sites d’action des 2 plantes sont différents et se complètent ; la racine d’Ortie agit principalement par le biais de la voie alternative de signalisation dans les cellules de la prostate alors que le Palmier scie intervient sur la première voie de signalisation en limitant l’activité du DHT. La racine d’Ortie agit donc sur le côté “œstrogènique” de l’hypertrophie de la prostate tandis que le Palmier scie agit sur la partie “androgène”.
Une étude randomisée en double aveugle a comparé les effets d’une association de Palmier scie et d’Ortie à ceux du finastéride (molécule couramment prescrite en milieu médical) sur 543 patients présentant une HBP. Les deux traitements se sont montrés aussi efficaces l’un que l’autre sur différents paramètres : flux urinaire, durée de la miction, scores IPSS (score regroupant l’évaluation de différents troubles fonctionnels liés à la gêne urinaire) et évaluation de la qualité de vie des patients.
L’efficacité des deux traitements a augmenté avec la durée du traitement. Ainsi, le score IPSS moyen est passé de 11,8 à 8 après quatre semaines de traitement avec l’association de plantes, puis à 6,5 après 48 semaines.
Dans le groupe prenant du finastéride, ce score est passé de 11,8 à 8 au bout de 24 semaines et à 6,2 après 48 semaines. Les patients ont mieux supporté le traitement associant les deux plantes que le finastéride qui a provoqué une diminution de la libido, des dysfonctionnements sexuels incluant pour certains patients une impuissance.
419 urologues ont colligé leurs observations sur plus de 2 000 patients ayant une HBP légère à modérée et recevant un mélange de Palmier scie et de racine d’Ortie. A la fin de l’étude on constatait une augmentation du flux urinaire maximal de 25,8 %, du flux urinaire moyen de 29 %, une diminution du résidu post-mictionnel de 44,7 %, des mictions nocturnes de 50,4 %, de la dysurie (difficulté à uriner) de 62,1 %.
D’une manière générale 86 % des patients ont fait état d’améliorations.
Consultez notre gamme Confort urinaire