« Source : 37°2 magazine »
La Mélisse (Melissa officinalis L.) est une plante vivace de la famille des Lamiacées. Elle pousse en touffes pouvant atteindre un mètre de hauteur. Ses fleurs groupées à l’aisselle des feuilles sont assez petites, blanches à rosées ; elles exhalent un parfum citronné qui a valu à la Mélisse l’appellation vernaculaire de « Citronnelle ». La plante est très appréciée des abeilles et peut être considérée comme une des meilleures plantes mellifères.
Originaire de l’Asie Mineure et des régions environnantes, de la Mer Noire au Golfe Persique, la Mélisse est connue depuis l’Antiquité. Elle est citée pour la première fois au 3ème siècle avant J.C. par Théophraste d’Ephèse dans son « Historia Plantarum » sous le nom de « Melissophyllon » littéralement « feuille à miel ».
L’usage thérapeutique de la mélisse semble remonter à plus de 2000 ans. Au 1er siècle, il est rapporté par Pline l’Ancien dans sa « Naturalis Historia » et par Dioscoride dans sa « Materia Medica » avec les indications thérapeutiques : piqûres d’insectes, troubles de la menstruation, douleurs abdominales, maladies rhumatismales.
L’utilisation de la Mélisse se perpétue au Moyen Age par la médecine arabe. C’est Avicenne qui cite pour la première fois son action sur le cœur. Avec les croisades, la Mélisse remonte vers l’Europe où elle s’épanouit, notamment en Allemagne où on découvrira ses propriétés antiphlogistiques. Paracelse l’emploie surtout pour ses propriétés cardiovasculaires.
Souvent cultivée dans les monastères, comme beaucoup de plantes médicinales et aromatiques à cette époque-là, la Mélisse donne lieu au 17ème siècle à une « spécialité pharmaceutique » industrielle, en association avec cinq autres plantes : « l’eau de Mélisse des Carmes », toujours commercialisée. Le succès de cette spécialité pérennise en France l’usage et la réputation de la plante. Les propriétés antivirales et hormonales sont d’acquisition récente. Elles datent des vingt dernières années : leur mise en évidence expérimentale corrobore les données traditionnelles d’éthnopharmacologie.
Propriétés pharmacologiques
Activité sédative
Mise en évidence expérimentalement dès 1889, l’activité sédative de la Mélisse a fait l’objet de plusieurs réévaluations qui apportent un éclairage nouveau à cet aspect de sa pharmacologie. Wagner montre que l’huile essentielle à la dose de 3,16 mg/kg administrée par voie orale diminue la mobilité spontanée de la souris. Des doses supérieures ne sont pas plus efficaces. Ammon utilisant le même test, confirme l’activité dépressive du système nerveux central de l’huile essentielle de Mélisse inhalée par la souris dès la dose de 21 ml/l. Selon Wagner, les composés les plus sédatifs sont le caryophyllène, le linalol et le citronnellal ainsi que de faibles doses de citral ; le citronellol et le géraniol ne sont actifs qu’à fortes doses.
Oulimani confirme l’activité sédative de la Mélisse dans des tests qui étudient également le comportement animal. Il montre que le lyophilisat d’un extrait hydroalcoolique de feuille injecté par voie IP à la souris diminue sa mobilité et sa curiosité ; l’effet est dose-dépendant pour des concentrations de 3 à 25 mg équivalent de poids de feuilles/kg d’animal ; mais à doses plus fortes l’effet diminue. Dans ces tests, la Mélisse se montre dépourvue d’action anxiolytique. Le même auteur montre ensuite que, dès la dose de 3 mg de feuilles/kg, cet extrait induit le sommeil chez la souris qui a reçu une dose infrahypnotique de pentobarbital ; à 6 mg équivalent feuilles/kg, il prolonge la narcose provoquée par une dose hypnotique de ce même barbiturique. Cette potentialisation se manifeste encore à 50 mg/kg mais n’apparaît plus avec 200 mg de feuilles.
Activité spasmolytique
Il est habituel de mettre en évidence une activité spasmolytique sur organe isolé in vitro. Telle a été la démarche de Debelmas : il montre qu’une eau saturée d’huile essentielle de Mélisse possède une activité antispasmodique neurotrope marquée. Cette activité est due essentiellement à la présence d’Eugenol. Brant évalue l’huile essentielle de Mélisse sur deux préparations ne nécessitant pas un ajout préalable de spasmogène ; il observe son activité relaxante à la fois sur l’iléon (intestin) et sur la trachée de cobaye, avec une action plus marquée sur la fraction intestinale. Forster obtient des résultats sensiblement moins bons avec un extrait hydroalcoolique. L’usage empirique ainsi que les différentes études faites sur la Mélisse démontrent que son activité spasmolytique s’effectue essentiellement sur les fibres musculaires lisses des viscères et plus particulièrement des organes abdominaux-pelviens. Ce qui est particulièrement intéressant en cas de spasmes intestinaux (colites spasmodiques) ou utérins.
Mélisse et syndrome prémenstruel
Les troubles de l’humeur ainsi que les spasmes abdominaux douloureux sont deux signes majeurs du syndrome prémenstruel. L’action centrale (sédative) et périphérique (spasmolytique) de la Mélisse permet une prise en charge simultanée de ces manifestations fonctionnelles.
Consultez notre gamme Confort féminin